
La session 19 de l'Ecole du Magasin
« Depuis 1987, le programme de formation de l’Ecole du Magasin accueille à Grenoble de jeunes spécialistes de l’art contemporain qui ont le projet professionnel de se former aux pratiques curatoriales. » Vaste entreprise. Cette année, sept jeunes femmes (une Canadienne, une Espagnole, deux Françaises, une Italienne, une Lettone, une Turque, de 24 à 38 ans, dont on aimerait tout partager, tout connaître, tout entendre...) dans une même pièce durant dix mois, et dont le but est de voir réaliser, à l’issue de ce huis clos, un projet curatorial.
Après une formation très classique – l’Ecole du Louvre – dans laquelle l’option art contemporain était vue comme une lubie un peu stupide, je suis à présent à l’Ecole du Magasin, dans laquelle l’Ecole du Louvre est perçue, avec un peu de mépris, comme trop rigide et bridant toute créativité. Oscillant entre ces paradoxes, je me trouve aujourd’hui face à un dilemme assez simple : comment passer de la théorie à la pratique ?
Me voici donc en position légèrement bancale, où il m’est important de désapprendre et réévaluer mes acquis, afin de définir une position personnelle dynamique.
Particulièrement intéressée par les artistes « neo conceptuels », je suis extrêmement curieuse des travaux qui sortent des cadres de l’art et interrogent la notion de spectateur, ou ceux qui, adventices, œuvrent à la façon des mauvaises herbes, « colonisant par accident un territoire qui lui est étranger sans y avoir été volontairement semé ». J’affectionne le « presque rien », les travaux anti spectaculaires, usant d’une économie de moyens, qui s’oppose aux régimes dominants de notre société. Cet art du peu, inscrit dans notre quotidien, chercherait, je crois, à supprimer la « quotidienneté » (au sens d’Henri Lefebvre, c'est-à-dire comme « dépôt souterrain » qui ne ferait que perpétuer les rapports de domination), pour que l’art rende la vie plus intéressante que l’art (Robert Filliou).
Or ces pratiques artistiques questionnent elles-même l'exposition, leur "mise en vue" nécessitant d'autres modalités que la monstration d'objets. Comment se situe dès lors le curateur? Quel est son rôle?
Si les tâches imparties à un commissaire d’exposition semblent être, selon l’enquête parue le 15 mai 2009 et réalisée par Laurent Jeanpierre et Severine Sofio, l’élaboration d’un concept et le choix des artistes, mais aussi l’installation de l’exposition, sa communication, le pilotage des publications, le montage du budget et la recherche de financement, en outre, rien n’indique offrir un début de définition de la position de curateur.
Les participantes de l'Ecole et moi même avons à ce jour décidé d’approfondir nos champs d’intérêts personnels autour de l’idée de « tactiques de la fiction », afin de formuler une proposition qui sera donnée en partage, mise en réflexion et articulée collectivement. Or, en tentant d’élaborer et clarifier mon propre point de vue, et à l’aune de la prise de choix déterminante pour la suite de nos travaux, me vient une interrogation, somme toute banale de part son extrême simplicité : qu’est ce qu’un curateur/commissaire d’exposition ?
Merci pour cet article. Je suis curieuse de savoir si vous avez des éléments de réponse ?)
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