Pour des écoles d’art féministes !
Introduction
2 juin 2023, conversation entre Léon Bornais, Nelly Catheland, Eulalie Gornes, Sophie Lapalu, Michèle Martel, Rune Segaut
inclusives utilisées : contractions; astérisques à la place du point médian ; neutre
Sophie : En 2017, alors que ça faisait à peine un an que j'enseignais à l’école d’art de Clermont-Ferrand, celle-ci est secouée par un cas de harcèlement sexuel. Comment ne pas faire comme si de rien n’était ? Comment réparer l’institution, mais aussi les étudiant*es, enseignant*es et personnels administratifs et techniques qui y travaillent ? Que fait-on d’un tel événement ? On était parfaitement démuni*es. Je ne connaissais pas les termes « violences sexistes et sexuelles » ni les mouvements féministes. On ne m’avait jamais enseigné cette histoire. Au contraire, j’avais plutôt grandi dans une société pour laquelle le terme féministe était une injure. Donc l’idée a germé de proposer un cycle de conférences, pour s’outiller et apprendre, en même temps que les étudiant*es, autour des féminismes – cela s’est avéré être un féminisme décolonial et intersectionnel – et pour répondre à l’événement traumatique.
Michèle : C'est vrai que le terme « féminisme » était très peu employé dans nos échanges, nos cours et puis d'un coup il y a eu une vraie bascule autour de 2017 : au moment où on a commencé à faire intervenir des personnes qui étaient outillées, sont arrivé*es des étudiant*es qui nous questionnaient et mettaient en question nos modalités d’enseignement. Je pense à la promo de Danaé (entrée en 2017 à l’école) qui a tout de suite soulevé ces problématiques, notamment autour des questions de genre, des biais liés au genre, à la classe et aux processus de racialisation.
Sophie : Qu’est-ce que ça vous a fait ces invitations, ces retranscriptions, ces workshops, en tant qu’étudiant*es et pour certain*es aujourd’hui, artistes ? Est-ce qu’il y avait des attentes de votre part en arrivant en école d'art ?
Nelly : Moi je crois que je ne m’y attendais pas mais ça ne m’a pas heurtée. J’étais féministe avant l'école mais sans trop réaliser ce que ça signifiait. Finalement, c'est venu d'une manière beaucoup plus intéressante mais sans que je ne me pose trop de questions, parce qu'en fait les conférences étaient obligatoires donc juste j'y allais et c'était chouette.
Léon : Moi non plus ce n’était pas une attente que j'avais, mais je pense que maintenant c’en est une.
Nelly : Oui, comment dire… Ça a mis un cran au-dessus. Aujourd’hui c'est un réflexe de regarder dans quel centre d'art on va, qu'est-ce qui s’y passe, quelles œuvres y sont exposées, de regarder les choses plus précisément.
Eulalie : J'ai fait un an de prépa où j’ai commencé à avoir ces questionnements : comment me positionner en tant que femme et du coup potentiellement en tant que féministe. Et par la suite je me suis retrouvée dans une école où pour le coup, ces questions n’étaient pas abordées. C'était un peu un truc du genre « oui, mais on est toustes féministes », et donc la question ne se pose pas. Comme j'étais en train de me chercher, on m’a pas mal reproché de ne pas assez me positionner sans me donner les outils ni l’espace pour pouvoir le faire. J’ai fini par me sentir coupable de ne pas l'être suffisamment. Alors qu’autour de moi il y avait des gens qui ne l'était pas du tout et qui se positionnaient quand-même en tant que féministes, parce que c'était leur génération, parce qu’iels étaient né*es après mai 68 alors que moi pas du tout, ça coulait donc dans leur sang mais pas dans le mien. À force de culpabiliser, j'ai commencé à dire : « non, non, moi je ne me positionne pas là-dessus, je ne suis pas féministe, je ne suis pas politique ». Je m'en suis beaucoup éloignée et j'ai arrêté d'y réfléchir parce que je me disais que ce n'était pas pour moi et que clairement je n’avais pas les capacités de l'être. J'avais ce passif. Quand je suis arrivée dans ce groupe de recherche pour l’élaboration du livre, j'étais un peu inquiète de me retrouver face à des gens hyper féministes. On m'avait donné une pensée simpliste des questions liées au genre : « Il faut l'être à fond ou ne pas l'être du tout ». Et en fait au contraire, j'ai découvert la bienveillance du féminisme et une possibilité aussi de le voir autrement que par le prisme binaire. Pour moi ça a été l’espace dans lequel j’ai pu prendre conscience de mes schémas et commencer à me déconstruire.
Michèle : C'est marrant parce que ce que tu décris là c'est un peu ce que dit Gærald à un moment dans son entretien avec des étudiant.e.s. Iel dit que ce qui est terrible dans les écoles, c'est que tout le monde pense être déconstruit*e et de gauche et pas porteur de blanchité, ce qui est faux bien sûr, et ça c'est vraiment très dur. En fait, il y a une fragilité enseignante comme il y a une fragilité blanche...
Rune : Quand je suis arrivæ en première année, je pensais que le milieu de la culture serait plus ouvert sur des questions de genre, de racisme... et en fait non, pas du tout ! Quand j'étais en troisième année, en 2019-2020, il y a eu une étude réalisée à la demande du Ministère de la Culture, sur les violences sexistes et sexuelles et les discriminations au sein des écoles supérieures d’art, de musique, de danse et de théâtre. Cette étude a montré qu'il y avait beaucoup de violences sexistes et sexuelles, surtout en école d'art. Je me souviens aussi que la question de la transidentité n’était pas abordée durant mes trois premières années, ou en tout cas mal perçue par le corps administratif et enseignant en général. À ce moment-là, je n’étais pas out en tant que personne trans non-binaire (sauf auprès de mes ami*es). Mais il y a eu des changements après le covid. Surtout au niveau des étudiant*es : les personnes font plus attention au niveau de la demande de pronoms et sont plus au courant de ce qu'est la transidentité. Au niveau du corps pédagogique, je trouve que ça a bien changé, même s’il y a des résistances, des backclashs. Je pense que les prises de conscience ont pu se faire notamment grâce au mouvement #MeToo, aux organisations et initiatives d’étudiant*es en lutte dans leurs écoles (voir LES MOTS DE TROP), aux initiatives et écoutes de professeur*es.
Et par rapport à tout ce travail de recherche qu'on a entamé depuis trois ans pour faire ce livre, de relire les conférences et de les retranscrire etc., moi ça m'a donné des outils au niveau technique : comment se passe un entretien avec une personne, la préparation des questions, la retranscription, comment est-ce qu'on se la partage, les relectures à plusieurs, tout le travail de groupe qu'il y a autour de ça. Et ça m'a fait découvrir des auteurices et des artistes, je pense notamment à Rachele Borghi ; je suis trop contentx d'avoir eu les témoignages de Lola et de Danaé, de lire comment æl*les avaient vécu*e l'expérience du workshop.
Nelly : J’avais assisté à la conférence d’Émilie Renard et la relire m’a vraiment marquée. Voir que des gentes dans les institutions ont vraiment tenté des trucs… Je n’ai pas vraiment l’impression d’en avoir trop entendu parler avant, c’est vraiment chouette, ça m’a un peu impressionnée. J’ai trouvé ça très courageux qu’elle accepte qu’on retourne la voir à Bétonsalon. Parce qu’on parle d’artistes, d’auteurices mais pas souvent de gentes au sein même des institutions... Ce sont plus des gentes qui font partie d’assos ou de collectifs. On se pose toujours la question des institutions mais là, que ça apparaisse dans le livre, je trouve ça super.
Sophie : Très vite on s’est rendu compte que les conférences n’étaient pas le format le plus adéquat et il y a eu des invitations pour des workshops, des ateliers, des arpentages, des entretiens, des groupes de discussion… Au cours des ces rencontres, j’ai réalisé que j’avais reçu (il y a vingt ans maintenant) un enseignement vertical, raciste, sexiste, qui bénéficie majoritairement à un homme blanc, cisgenre, occidental, hétérosexuel. C’est ça le canon dans lequel j’ai baigné. Donc voilà, Michèle comme moi (aujourd’hui enseignantes), on a écrit une thèse qu’on réévalue aujourd’hui. J’ai travaillé sur des artistes qui agissent dans l’espace public et personne ne m’a dit « tiens, et pourquoi il y a majoritairement des artistes hommes cis dans votre thèse ? ». Personne ne m’a jamais posé cette question. L’espace public est un espace genré, l’histoire de l’art est biaisée, et jamais ces questions n’ont été abordées. Je comprends qu’il y a des biais profonds et qu’en tant qu’enseignante je répercute ces biais-là dans mon enseignement. Je contribue à entretenir cette société patriarcale, sexiste, raciste. Ça m’a permis de réévaluer mon enseignement, ce qui demande trois fois plus de boulot que de répéter ce qu’on m’avait enseigné. Il faut aller lire d’autres livres, il faut aller à la rencontre d’autres artistes, mais c’est aussi une grande libération, vraiment. Aujourd'hui j’ai envie de travailler sur plein de trucs mais je ne sais pas par quoi commencer, ma recherche pour l’instant existe d’une manière qui n’est pas du tout universitaire, elle est plus dans ce livre par exemple, une recherche collective. Je trouve ça chouette parce que ça me décentre. Je suis contente que ça arrive, enfin ça arrive un peu trop tard quand même. Aussi, rétroactivement, j’ai compris que plein de choses que j’avais pu vivre dans ma vie n’étaient pas normales – comme on me l’avait fait croire. Je me suis fâchée avec certaines personnes, j’ai perdu des ami*es, évidemment je suis la rabat joie féministe dont parle Sarah Ahmed.
Michèle : Ça fait aussi plein d’alliances. On perd des ami*es mais on gagne aussi des alliances qui ne sont pas forcément de l’ordre de l’amitié, qui sont d’un autre ordre, une sorte de connivence. À partir du moment où tu mets ces lunettes-là, tu as même une connivence dans l’espace public, tu as même une connivence dans des micro situations où tout d’un coup t’es complètement alerte aussi, tu arrives à être présente et active à plein d’endroits. Par rapport à ce que tu disais Sophie, moi c’est vraiment un énorme, pardon je vais parler de moi, c’est quand même un énorme questionnement dont j’ai l’impression que je commence à voir une sorte de toute petite lumière de tunnel, de sortie, peut-être, qui arrive. Ça m’a complètement coupée de la recherche universitaire, je me disais ce n’est plus possible, il y a un problème de corpus, il n’y a que des mecs cis occidentaux, il y a un problème de catégorisation, un problème d’outil… Dès que tu grattes un tout petit peu, il y a le patriarcat et le capitalisme qui sont derrière, le sexisme, le racisme, etc., donc ça m’a un peu pétrifiée à un moment donné. Tout prend sens, par exemple le « nous » universitaire, enfin bon toutes ces histoires de neutralité axiologique…
Est-ce que vous ça vous a bloqué aussi à des moments, est-ce que ça a été des empêchements ou au contraire est-ce que ça vous émancipe, puisque ça arrive à un moment de votre parcours où vous êtes en train de façonner davantage les choses ? Est-ce que ça vous permet de faire des gestes et est-ce que malgré tout on vous rappelle aussi à chaque fois ces cadres ?
Eulalie : Moi par exemple ça s’est présenté dans la rédaction de l’essai (le mémoire à rédiger en quatrième année) : je me suis rendue compte que la plupart des artistes que je citais c’était des hommes cis, qui avaient un certain pouvoir. J’ai essayé de me dire que peut-être je connaissais d’autres artistes mais qui étaient moins connu*es. J’en ai trouvé, mais je n’osais pas forcément les mettre dedans en me disant « si ça se trouve iels ne vont pas connaître… ». Du coup ça m’a un peu bloquée. Je me suis dis : je dois revoir tout ce que je cite. Après je me suis dit qu’il y en avait certains que je cite dont j’apprécie réellement le travail… Je fais attention quand j’ai le choix entre un homme cis et une femme de privilégier la femme. Ça m’a permis de prendre plus conscience de ce que je fais, de prendre conscience des gestes et aussi des paroles que je peux avoir qui vont à l’encontre de mes convictions, de le faire toujours finalement mais avec la conscience que je le fais et du coup de pouvoir le changer.
Léon : Moi ça a forcément modifié mon travail, maintenant j’ai l’impression que c’est ma pratique, enfin, ce sont les discussions que j’ai avec mes copaines et je travaille via ces discussions-là. C’est une accélération en fait pour moi dans l’école. Avant je pataugeais un peu et là, maintenant, j’ai mes convictions, je me nourris de nouvelles choses, et c’est pour moi moteur. Même en dehors de l’école, j’ai perdu des potes et tant pis, ça a modifié mon intimité et plein de choses. Pour moi c’est de la colère et c’est aussi joyeux, des fois on se prend un peu des tartes mais je ne sais pas, pour moi ça reste vraiment moteur.
Nelly : C’est hyper moteur. En deuxième année j’avais dans mon corpus de références beaucoup d’artistes, d’écrivains hommes cis. Un jour, j’ai ouvert un livre d’un énième homme cis. J’ai lu plusieurs livres de cet auteur, et en fait il y avait des passages pédophiles… Du coup ça m’a vraiment stoppée et remise en question, j’ai fait pas mal de tri dans mes lectures et c’est tout de suite devenu plus sain. Cette prise de conscience est aussi chouette et procure beaucoup de joie, mais comment dire… Il y a eu un moment aussi à l’école où je lisais beaucoup, poussée par le mythe du bourgeois qui a tout lu, mais petit à petit je déconstruis ça. Je lis moins par complexe que par intérêt et plaisir. Ce qui m'a fait m'émanciper de cette charge, ça a été des discussions avec des copaines qui ont arrêté leurs études, parallèlement au cycle de conférences et aussi avec certains formats proposés par des professeureuses. Je pense notamment à des lectures d’extraits de romans de science-fiction en cours. Je demande souvent des conseils de lecture à Anthony Poiraudeau, le prof de littérature, et il m’a dit : « Tu préférerais des livres 100% pour l’école ou aussi des livres pour souffler ? », de manière très simple, ce qui m’a beaucoup aidée.
Léon : C’est intéressant ce que tu dis. On discute des études supérieures, du prestige des diplômes, de pourquoi on est là, à qui on veut plaire... Ça permet de remettre en question nos places dans cette école, de désacraliser la lecture et d'aller tout simplement vers des choses qui nous parlent vraiment, de les assumer. Pour me sentir validée par l’école je me suis obligée à lire plein de livres, des essais politiques, déjà je ne comprenais pas forcément tout mais surtout ça ne m’aidait pas vraiment à me trouver. Et je me suis entêtée à faire ça pendant deux ans. Et cette année, maintenant que ça va mieux… Je suis là (rires). Je peux lire les livres qui me font plaisir en fait. Je complète ma recherche via des podcasts, films, discussions… Je crois que je ne me forcerais plus à lire tout un corpus juste pour me sentir légitime d’être ici.
Nelly : Tout à fait d’accord, dans l’article « Le mythe du bourgeois qui a tout lu », l’auteur parle d’Anasse Kasib qui disait « Ah je suis content j’ai lu Salaire, prix, profit de Marx » et des gentes lui répondaient « Bah tu ne le lis que maintenant, mais comment tu pouvais te dire marxiste avant ? ». Mais parfois on n’a pas forcément besoin de lire tous ces écrits-là pour savoir ce que c’est dans son corps. Ce qui est bien aussi c’est qu’on a tous ces livres à la bibliothèque de l’école. J’en ai emmené chez moi et chez mes parents. J’en ai laissé parfois sur ma table de nuit et ils disparaissaient. Je les retrouvais dans la chambre de ma mère (rires).
Michèle : Danaé m’avait dit ça il y a très longtemps… Ael m’avait dit qu’ael essayait de ne plus avoir un seul ouvrage de mec cis blanc dans sa bibliothèque. Je me suis dit « wow, incroyable ». Je n’ose même pas regarder ma bibliothèque, bien sûr (rires). Et la dernière fois, je me suis rendue compte que ça faisait plus de deux ans que je n’avais pas lu un livre d’un mec cis blanc.
Nelly : Il y a un truc aussi qui m’avait un peu heurtée. Vous vous souvenez de la tribune dans Art Press, en soutien à Claude Lévêque qui est accusé de pédocriminalité. Et en fait j’étais en train de lire un livre d’une personne qui a signé cette tribune ! On a aussi des livres à la bibliothèque d’une personne à l'origine de la tribune, et chaque année je me demande si je ne vais pas partir avec et les faire disparaître de l’école (rires) ! Ce n’est pas possible qu’on ait encore ces livres !
Léon : Dans mon essai, j’ai fait le choix de ne pas mentionner de mec cis blanc dans le corpus. Il n’y aura que mes deux référents (rires) ! Je pense que je vais faire une blague par rapport à ça, parce que je travaille sur des retranscriptions, et lorsqu’il y a des cis mecs qui sont mentionnés, je mets l’étoile de l’écriture inclusive non binaire, comme ça ils n’existent pas trop (rires).
Sophie : Une question qui m’a vachement marquée en tant qu’enseignante, c’est celle-là : puisque j’ai intégré le patriarcat, j’ai forcément des réflexes sexistes. Donc maintenant comment en fait quand on évalue le travail d’un*e étudiant*e ? Puisque mon regard c’est celui-là, quelles normes je pose quand j’évalue le travail ? Quand je corrige des copies, je ne veux pas voir les noms, parce que je me demande si je ne favorise pas inconsciemment le travail d’un étudiant masculin cis. C’est une question. Et je pense qu’il faudrait que toustes les enseignant*es se la posent vraiment. Je me suis demandée s'il n'y avait pas évidemment aussi de la transphobie, du racisme… C’est vraiment un nœud, assez tabou, qu'il faudrait réussir à travailler dans les écoles d’art.
Michèle : Il y a un numéro de la revue AFRIKADAA qui vient de paraître à propos du racisme dans les écoles d’art.
Nelly : Enrico Floriddia et Sarah Netter, deux chercheur*s de la coopérative de Recherche, organisent un groupe de travail appelé à l’origine « Fragilités blanches », devenu aujourd’hui TCQTT (« Tout ce que tu touches tu le changes, tout ce que tu changes te change », extrait d'Octavia Butler dans La Parabole du Semeur). Voilà la description du groupe : « De quelle façon qui s’est socialisé*e en tant que blanc*he et en est conscient*e ? Qu’est ce que ça veut dire ? Quels outils nous pouvons partager pour déconstruire le suprématisme blanc et sa présence systémique au quotidien ? Un espace de travail sans but ultime, un lieu de parole bienveillant et critique, une envie de lutte diffuse ». On décortique des textes, que chacun*e amène, et du coup ça demande aussi d’aller chercher des choses par soi-même pour les faire découvrir aux autres, ça c’est super.
Michèle : Lors des premières séances on a lu l’ouvrage Fragilité blanche, on l’a arpenté. À la suite, on a rencontré Dénètem Touam Bona au sein de l’exposition qu’il curatait à Vassivière.
Nelly : On a parlé de Trinh T Minh Ha qui parlait « à côté de » et pas « à la place de ». Ça me pose des questions : Fragilité blanche, c’est écrit par une femme blanche, et du coup, peut-être qu’il faut aller chercher d’autres ouvrages écrits par des personnes concernées.
Michèle : Robin di Angelo, j’ai l’impression que c’est une blanche qui s’adresse aux blanc*ches. C'est une sorte de livre de développement personnel, un peu. C’est un livre-outil à destination des blanc*ches. Notre idée de départ, et puis après ça s’est ensuite transformé effectivement quand il a été pris en charge par Enrico Floriddia et Sarah Netter, c’était de dire : si vous vous sentez racistes, rejoignez notre groupe pour déconstruire ça.
Références dans l’ordre de la discussion :
LES
MOTS DE TROP,
Guide
d’autodéfense pour étudiant·es en art, Un livre-outil,
2022. [http://www.lesmotsdetrop.fr/]
Consulté le 8 juin 2023
Rune : C’est un livre qui donne la
parole à des initiatives de luttes étudiantes comme Balance ton
école d’art, BlackFlower, CyberSistas et ClubMæd, et bien
d’autres. Je pense également en parallèle aux luttes sur la
question du statut d’artiste-auteurice et sur l’état en danger
des écoles d’art publiques : Art en grève, La Buse, Le Massicot,
la revue SHOW
de l’ENSAPC.
Sarah Ahmed, « Les rabats joie féministes (et autres sujets obstinés) », [https://s-edition.gitlab.io/infokiosque/brochures/sara-ahmed-et-oristelle-bonis---les-rabat-joie-f%C3%A9ministes_A6.pdf]Consulté le 8 juin 2023
Rob Grams, « Qui a la plus grosse bibli ? – Le mythe du bourgeois qui a tout lu », Frustrations, 2022, [https://www.frustrationmagazine.fr/bourgeois-lecture/] Consulté le 8 juin 2023
Robin DiAngelo, Fragilité blanche, Ce racisme que les blancs ne voient pas, Paris : éditions Les Arènes, 2020
Dénètem Touam Bona, La sagesse des lianes, Cosmopoétique du refuge 1, Fécamp : Post-éditions, 2021
La sagesse des lianes, une exposition imaginée par Dénètem Touam Bona, 19 septembre 2021 - 30 janvier 2022 au Centre International d’Art et du Paysage, Île de Vassivière.
Chaîne youtube Histoires Crépues, « Le racisme en école d'art », avec AFRIKADAA, 2023, [https://www.youtube.com/watch?v=uhJWQm1Wxw0&t=3s] Consulté le 8 juin 2023
« Racisme, Discrimination. Où en sont les écoles d’art ? », AFRIKADAA 15, 2023
Octavia Butler, La Parabole du Semeur (1993), Paris : J’ai lu, 1995
Trinh T Minh Ha « Speaking Nearby », [http://www.situatedecologies.net/wp-content/uploads/Trinh-Speaking-Nearby-1983.pdf], Consulté le 8 juin 2023
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