Exposition des diplomé*es du Mo.Co Esba
Avec : Laure Brioude, Paloma Calandra, Léa Cortiglia, Elisa Fabre, Tamara Gavrilov, Soline Le Courbe, Chloé Lefevre, Lilou Marquez, Nicolas Martin, Nuria Mokhtar, Arthur Monteillet, Jongeun Park, Leo Rump, Melika Sadegh Zadeh, Hélène Sagnier, Sophia Schotel, Lou Semete, Dachi Siboshvili,Sarah Vozlinsky
Ecole de Medecine de Montpelliermercredi-samedi 13h- 18hjusqu'au 2 juillet
photos : Sarah Vozlinskycuratrice : Sophie Lapalu
Heu...ben ...hum ..en fait ..*soupir*
- On invente des histoires aux lieux : de base y’a rien, juste du carrelage, des tables en pierre et l'eau courante. C'est bizarre, parce que la médecine ça me semble être très froid, très détaché, et nous on rajoute presque toujours des émotions.
- Analyser, triturer pour comprendre ou juste par curiosité. Classifier par ordre, par date. Tout figer. Et si ça ne se fige pas on ajoute du formol. Même dans la mort y'a plus d'espoir d'évasion.
- Serrer contre soi un bel objet à la forme presque humaine, quasi-animale, prendre en main, déplier un son et tracer des lignes en un corps-à-corps anormal.
- C'est plus facile de supporter ce lieu en lui inventant des histoires.
- L’ancienne salle de dissection de la fac de médecine a fonctionné de 1957 à 2017. Donc ça fait à peine 8 ans qu’elle n’est plus fonctionnelle mais, malgré ce que toustes mes amix disent, moi je ne ressens plus trop les corps à l’intérieur. Même s’il reste 28 tables en marbre et de la poussière et des craies, rien de macabre en moi ne résonne. J’ai l’impression que les corps n’ont jamais été là.
- Mais s’ils n’ont jamais été là, à quoi pourraient bien servir ces tables ?
-...table de billard, table à langer, table de chevet, table de jardin, table basse, table à manger, table de massage, table à repasser, table de ping-pong, table ronde, table des matières, tables de multiplication…
- J’ai entendu dire que les étudiant.e.s en médecine sont angoissé*es de ouf. Peut-être que si on passe les doigts sous la table, on tombe sur des vieux chewing-gums ayant servi à détendre les plus anxieux.ses d’entre elleux. Donc des chewing-gums destinés à faire passer l’angoisse sont classés monuments historiques ; on ne peut plus les enlever, tout le monde vient les visiter.
- Tout ça semble faire partie d’un mauvais scénario.
- On m'a dit un jour que toutes les cellules du corps se renouvellent au bout de sept ans.
- Il nous reste deux ans pour être totalement renouvelé*es depuis qu’on s’est rencontré*es.
- On est un assemblage.
- Tout être vivant est composé de parties oscillantes entre mort et régénération. Est-ce qu’on ne serait pas constamment dans un état de transition ?
- En surplus de corps.
- En surplus de chair.
- Tout objet vivant est composé de plus petites entités dont le rythme de vie diverge de son propre rythme, qui accueille avec plaisir tout ce qui viendra ensuite.
- Absolument rien.
- Absolument tout.
- Il serait d’ailleurs peut-être plus juste de parler de fragments d’inconnu.
- Ainsi, ces merveilles étaient si près de nous et on ne le savait pas !
- Elles sont parties depuis longtemps et m’ont laissé derrière elles que des cendres. Les cendres chaudes des bons souvenirs. Et la douleur du bois brûlé jusqu'à la moelle.
- Et le silence.
- Le jour de notre rencontre, on était sur des tabourets, aligné*es et espacé*es d’un mètre.
- Un peu comme les tables de cette salle finalement.
- C’est un espace hors du temps, un lieu silencieux, une grande pièce pleine de poussière et d’activité passée. Remplie de traces et d’indices. Le temps ne s’y écoule plus, le plan en est figé.
- C’est peut-être la dernière fois qu'on forme un groupe, un corps entier. Un lieu sans corps, ça marche bien pour ça.
- On est une assemblée.
- Comment tu veux transcender à côté du seau à têtes ?
Texte collectif rédigé par la promotion en mars 2025 lors d’un atelier d’écriture en collaboration avec la curatrice.
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