
Refusant de s’enfermer dans une discipline, cette jeune artiste, née en 1982 à Brest, fait se rencontrer design et arts plastiques afin d’interroger nos rapports aux objets. Partant de l’observation d’un geste apparemment insignifiant – poser son vêtement sur le dossier d’un siège – l’artiste scie un dossier de chaise et le plante au mur. Voici le porte-manteau Dossier 001. Eva s’approprie ainsi une pratique quotidienne, la légitime : du geste réticulaire qui détournait l’usage d’un objet, elle crée un objet destiné à produire ce geste.
Qu'est ce qui t'as poussée à travailler autour, ou en périphérie, du vêtement ?
Cela m’est apparu, au fil du temps, comme une évidence : le vêtement est en mouvement permanent dans un espace domestique. Il est l’objet le plus mobile et le plus envahissant, et son utilisation au quotidien nécessite de le déplacer. Il est mis en valeur lorsqu’il est porté, et le reste du temps, il est rangé, dissimulé selon un ordonnancement signifiant et plastiquement évocateur. Je propose un répertoire de formes variées encrées dans la réalité contemporaine qui revisitent notre rapport au quotidien. Sous formes d’objets, sculptures, dessins, installations, le vêtement en mouvement est alors mis en scène.
Que représente le vêtement pour toi?
Je l’envisage comme un outil de travail. Ce qui m’intéresse n’est pas tant sa fonction première, mais la façon dont il est orchestré dans l’espace domestique. C’est une source d’inspiration. Le « linge » occupe une place majeure dans notre environnement et il a souvent été mis en scène dans la création contemporaine. Comme l’a écrit Didier Arnaudet sur mes dernières productions, le vêtement est ici prétexte. C’est l’élément générateur qui se détache et abandonne beaucoup de son identification. Il n’a plus de place définitive et sa fonction devient insaisissable, c’est devenu une écriture à la fois étrange et familière.
Comment allies-tu une formation en design et ton travail plastique?
L¬¬a frontière entre l’objet d’art et l’objet de design a toujours été au centre de ma problématique. Cette notion est fondamentale dans mes productions et s’appuie sur une hybridation du vocabulaire artistique avec celui du design. En effet, le design est défini comme étant une esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles et adaptées à leur fonction contrairement à l’objet d’art qui fait fi de ces notions. J’ai toujours porté attention à ce qui concerne la vie à la maison, à la fonctionnalité des choses : espaces, pièces, objets. C’est de ce questionnement-là que naît ma production et non de leur utilité intrinsèque.
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