Mathieu TREMBLIN, Tag Clouds, 2010, peinture aérosol, pochoir, dimensions variables
(c) Mathieu Tremblin
Il joue sur l’imagerie vernaculaire comme potentiellement décorative à l’intérieur d’une résidence au faste défraichi, et sur la masse de signes – réels ou virtuels – qui nous entourent, comme possiblement à investir. L’artiste brandit le pavillon noir des squatteurs entrés par effraction, mais, frêle, c’est un patchwork de dentelles, un agencement de scènes de genre, souvenir lointain du rideau qui ne cache plus l’absence des propriétaires, modeste frontière entre l’intime et le public (Chaos Curtain). Il s’en prend également aux bonnes manières, maniant l’insolence avec ironie, et installe une poignée qui n’ouvre pas de porte, blague potache auto sabotée par le chewing-gum qui en obstrue la serrure (Sous scellé). Enfin, violant une règle tacite de courtoisie suivie par la plupart des graffeurs, il réalise des tags palimpsestes version web 2.0, couvrant la marque des prédécesseurs. S’amusant de la polysémie du terme tag, qui désigne autant une signature graffitée sur un mur dans l’espace urbain qu’un mot-clé assigné à une information sur le net, il traduit ce qui est censé être la marque singulière d’une altérité, en la formatant selon l’ordonnancement et la graphie du web (Tag Clouds).
Tel l’enfant qui gribouille et tache son livre d’école, et même s’il est puni de ce crime, l’artiste se crée alors un espace[1], un intervalle entre l’usage et le mésusage, par un détournement des objets et pratiques convoqués
à gauche : Mathieu TREMBLIN, Sous scellé, 2010, poignée de porte, chewing-gum, dimension variables, (c) Mathieu Tremblin
à droite: David RENAULT, Time Catcher, 2010, papier tue-mouche, dimensions variables, Mathieu TREMBLIN, Chaos Curtain, 2010, voilage teint en noir, dimensions variables, (c) Mathieu Tremblin
Mathieu TREMBLIN, Tag Clouds, 2010, peinture aérosol, pochoir, dimensions variables
(c) Mathieu Tremblin
Texte publié dans le catalogue de l'exposition Relatives à la Villa Cameline, Nice, du 01/10 au 17/10/2010.
Exposition commissionnée par Claire Migraine et Nicolas Müller
Catalogue: Relatives, Villa Cameline, 01/10 — 17/10/2010.
Textes de Marie Bechetoille, Louise Bernatowiez, Sophie Coda, Nicolas de Ribou, Marianne Derrien, Anthoni Dominguez, Sandra Doublet, Laurine Fabre, Sophie Lapalu, Bénédicte Le Pimpec, Mathieu Loctin, Claire Migraine et Richard Neyroud
Conception graphique : Mengya vs Florian
Édité par les curateurs et les artistes, avec le soutien d’Hélène Fincker et des EDITIONS DEL’ART
Textes n&b, images en couleur
21 x 15 cm
32 pages
500 ex.
7 €
Diffusion et commande : EDITIONS DEL’ART
[1]Cette image est empruntée à DE CERTEAU Michel : « L’enfant gribouille et tache son livre d’école ; même s’il est puni de son crime, il se fait un espace, il y signe son existence d’auteur. », L’invention du quotidien, 1.arts de faire, Paris : Gallimard, Folio essais, 1990, p. 53.
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